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DOSSIER : Quand l’amitié rencontre l’amour

DOSSIER : Quand l’amitié rencontre l’amour

Rencontre avec Josée Boudreault et Louis-Philippe Rivard

Il y a beaucoup de gens qui, après un AVC, ne sont plus capables de rien faire. Moi je suis encore capable. Tranquillement, mais surement! Je suis contente de ça. Je me dis toujours que la vie est facile pour moi. Quand je me réveille le matin, je suis contente d’être là. Je suis consciente de ma chance et c’est ça mon bonheur. J’ai de mauvaises journées, comme tout le monde, mais ce n’est pas grave, on continue parce que demain ça ira surement mieux. La vie n’est pas toujours facile, mais on fait avec! Josée Boudreault

Par Sylvie Lauzon, Journaliste

La seule et unique personne avec laquelle nous allons passer chaque seconde de notre vie, c’est nous! Nous devrions donc tous croire en nous, être important à nos yeux, ressentir de la fierté devant nos accomplissements. C’est pourtant malheureusement bien souvent l’inverse qui se produit.

Ceinture noire en autocritique
Beaucoup d’entre nous excellent dans l’art de l’autocritique et de la dévalorisation. Pas l’animatrice et conférencière Josée Boudreault. Depuis toute petite, elle accueille la vie et en savoure chaque instant. Dans son premier livre, publié en 2014, elle nous propose de devenir notre meilleure amie. Qu’est-ce que ça pourrait bien changer dans nos vies? Tout, probablement!

Apprendre à réfléchir avec le cœur
Josée a subi deux AVC en 2016 et 2017. La communicatrice a perdu une grande partie de ses mots. Pourtant, quand on la rencontre, on se rend vite compte qu’elle communique mieux que jamais. Pour être et demeurer sa meilleure amie, ce qu’elle fait merveilleusement bien, elle nous dit qu’il faut apprendre à réfléchir avec le cœur.

Pour elle, un ami, c’est quelqu’un qui connait tous nos défauts et qui nous aime quand même. C’est le regard qu’elle nous propose de porter sur nous-mêmes. Un regard rempli d’affection et de compréhension. Elle nous propose de pratiquer l’autocompassion. Tout un défi quand on a l’habitude de se taper sur la tête…

Cette entrevue, elle nous l’a accordée en compagnie de son ami, complice, partenaire, âme soeur, son chum quoi, Louis-Philippe Rivard. Je leur cède la parole.

ÉCOUTER CE QUE MURMURE NOTRE CŒUR
Ton cœur te dit là où il faut que tu sois, mais ce sont nos peurs qui nous empêchent de l’entendre. Il faut écouter ce que notre cœur murmure. Il a raison. Il nous indique la voie. Déjà, petite, je parlais beaucoup, j’avais toujours quelque chose à dire. J’ai fait exactement ce que je voulais en choisissant une carrière en communications.

QUAND UNE PARTIE DE NOTRE VIE ÉCLATE EN MORCEAUX
Le premier juillet 2016, en vacances aux États-Unis avec son chum et ses filles, la vie de Josée bascule. Un premier AVC endommage la partie de son cerveau qui traite le langage. La communicatrice perd la parole et ne peut plus lire ni écrire. En septembre 2017, elle en subira un second. Deux ans plus tard, non seulement elle a surmonté l’épreuve, mais elle est un modèle de résilience pour tous ceux et celles qui cherchent à mieux profiter de leur vie. Elle est plus que jamais sa meilleure amie.

ON SE PRÉPARE À TOUT DANS LA VIE, SAUF À LA VIE!
Maintenant que j’ai moins de mots, j’entends encore mieux ce que mon cœur murmure. On rit, mon chum et moi, de la communicatrice privée de parole que je suis devenue. J’ai moins de mots qu’avant, et je ne les retrouverai probablement pas tous, mais je m’exprime encore.

IL FAUT SOURIRE AVANT D’ÊTRE HEUREUX ET RIRE AVANT D’ÊTRE DRÔLE
Le 18 février 2017 a été une journée importante pour moi. Sept mois après mon AVC, j’ai réalisé que j’étais aussi heureuse qu’avant. Même plus. Je n’étais plus fatiguée. Je faisais ce que j’aimais le plus au monde : communiquer. Ce qui me rend heureuse aujourd’hui, c’est que j’ai la certitude que malgré ce qui m’est arrivé, tout est possible. C’est le début de la plus belle partie de ma vie, j’en suis sure!

OUAIS PIS?
Je suis très fière de moi, c’est vrai, plus que jamais. Quand tu es dans l’épreuve, tu avances, tu ne sais pas que c’est dur. Ce n’est pas parce qu’on recule un peu qu’on n’avance pas. Il faut parfois fléchir les genoux pour mieux rebondir.

Grâce à cette courte question : « Ouais, pis? », je voyage beaucoup plus léger. Je vais reconduire ma fille à sa pratique de soccer sans que la cuisine soit complètement à l’ordre. « Ouais, pis? On ramassera au retour. » Aller à l’épicerie (déjà que c’est compliqué pour moi de faire ma liste) sans être parfaitement bien mise, ça m’arrive maintenant. « Ouais, pis? » Il suffit de choisir nos combats et de ne jamais oublier que les gens nous regardent beaucoup moins qu’on pense.

LE BONHEUR EST UN CHOIX
Il faut reculer pour prendre son élan. La vie n’est pas toujours facile et elle continuera d’être parsemée d’embuches pour vous comme pour moi. Je veux tout faire pour me rappeler que le bonheur est un choix. Qu’il faut sourire avant d’être heureux. Que juste exister, c’est un miracle en soi.

J’aime laisser ma trace dans le cœur des gens que j’aime. Juin est le mois de ma naissance, c’est aussi le mois des lilas, une fleur que j’adore. Chaque année, je m’exclame sur la beauté des lilas. Bien sûr, je reçois beaucoup de bouquets de lilas pour mon anniversaire. Bien sûr que ça me fait plaisir. Mais surtout, je sais ce que je fais. Grâce à mes lilas, je marque le temps. Quand je ne serai plus ici, les lilas sentiront maman!

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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