« Enfant, j'étais plutôt solitaire, timide et même triste. C'est curieux quand on pense à ce que je fais aujourd'hui… C’est peut-être ce qui explique que je me sois autant intéressée au bonheur! » Christine Michaud
Lucie Douville
Voir le beau, apprécier le bon, faire le bien… C’était la phrase préférée de la mamie de Christine Michaud, une phrase qui a bercé son enfance. On n’a pas besoin de plus d’une seconde pour réaliser que si chaque être humain faisait de cette phrase sa résolution, ensemble on vivrait une véritable révolution, la révolution du cœur.
Mamie Yvette, dans sa grande sagesse, était visionnaire… C’est l’avenir qu’elle espérait voir fleurir sur Terre. C’est à chacun de nous, aujourd’hui, de porter cette vision. C’est exactement ce à quoi va nous convier Christine tout au long de cette charmante rencontre.
Comment as-tu vécu ton enfance?
J’ai dit au départ que j’étais de nature plutôt triste, mais ne vous méprenez pas… J'ai eu de bons parents, j'ai vécu dans une bonne famille et j'avais tout ce dont j’avais besoin. J’avais juste du mal à prendre ma place. Je crois que j'avais beaucoup plus d'amis imaginaires que d’amis réels.
Avais-tu une affinité avec le monde invisible?
Je vivais, si je puis dire, dans mon monde à moi. C’est quelque chose que je n'étais pas capable de nommer. La seule personne avec qui je pouvais en parler, c’était ma grand-mère maternelle, mamie Yvette. Elle était très pieuse. Quand je lui parlais de « mon monde », elle m'enlevait toutes les peurs que j’aurais pu avoir.
Avec elle, on pouvait parler de tout. Elle me faisait voir Dieu comme un bon père de famille. Elle me parlait des anges en me disant que j'avais un ange gardien. Elle m'avait même appris à réciter mon chapelet le soir, avant de me coucher. Je ne me rendais jamais très loin, mais c'était le meilleur endormitoire qui soit.
Un jour, je lui ai dit : « Tu sais, grand-maman, je le finis rarement. Je commence à peine et je m’endors. » Elle m’avait dit : « Fais-toi s'en pas, les anges le finissent pour toi. » Ça, c'était son genre de réponse… C’est comme ça qu'elle voyait les choses.
Ta mamie Yvette a joué un rôle important dans ta vie?
Énorme… Comme ma mère travaillait beaucoup, mamie Yvette s'est beaucoup occupée de mon frère et de moi. C’est pourquoi j'ai développé une relation si proche avec elle. Et, en même temps, j’avais avec elle un amour qui était au-delà de tout. C’était inexplicable… C’était une véritable connexion d'âme.
Quelles sont les assises que mamie Yvette t’a transmise et qui sont encore bien vivantes chez toi aujourd’hui?
Il y en a plusieurs! Premièrement la douceur. Je dirais plutôt la force de la douceur. Elle était très, très douce avec moi. C'était extrêmement touchant. Il y avait aussi sa qualité de présence. Quand j'étais avec elle, tout ce qui existait, c'était nous deux. C’était notre moment. Et bien entendu, j’ai aussi gardé d’elle sa fameuse phrase : « Il faut voir le beau, apprécier le bon, faire le bien ». Aujourd’hui, je pourrais vivre juste avec ça…
Mamie Yvette aimait aussi les gens, sa famille, ses amis, son monde. C'était une deuxième nature pour elle que d’aimer. Je pense même que c’est ce qu'elle faisait de plus grand. Aimer la Vie, apprécier chaque petite chose…
Et pourtant, c'est une femme qui n'a pas eu la vie facile. Elle a vécu l'alcoolisme de son mari, la violence, la pauvreté et tout ce qui vient avec ça… J’étais vraiment impressionnée de voir à quel point elle avait naturellement des qualités de présence, de douceur et d’amour, malgré tout ce qu’elle avait vécu.
Pourquoi nous, les êtres humains, on va souvent voir ce qui va mal, au lieu de voir le côté positif des choses en premier?
En psychologie positive, on nous explique que l’être humain porte en lui un biais de négativité de sorte qu’on va voir, en premier, ce qui ne marche pas, ce qui est négatif, etc. C'est, en quelque sorte, pour nous protéger. Mais, si on devient conscient qu’on porte ce biais de négativité, c’est plus facile d’en tenir compte et de faire des choix éclairés! Si je vois quelque chose de négatif, je peux choisir d’y rester accrochée, mais je peux aussi choisir de porter mon attention sur autre chose de plus agréable. Tout n’est jamais tout noir…
Ce n’est pas toujours facile de voir le beau quand on vit des choses difficiles.
Justement, ça se pratique! Quand on vit des choses difficiles, la première chose à faire, c'est d'accueillir, juste accueillir. Certains disent qu’on doit accepter, mais pour moi, accepter, c'est pour plus tard. En premier, accueillir, c’est déjà bien.
Comment apprécies-tu le bon?
C'est vraiment dans les petites choses de la vie… La richesse est dans tout et à tous les niveaux. Apprécier le bon, c'est vraiment avoir de la gratitude pour tout ce que je possède, pour tout ce qui m'arrive, même lorsque c’est moins agréable ou difficile. Et si ça se produit, je vais vouloir découvrir ce qui se cache là-dedans? Quel est ce cadeau, même s’il est vraiment mal emballé…
Est-ce possible de faire du bien quand on ne se sent pas bien?
Moi, j’ai la certitude que c'est ça qui nous sauve… Quand je fais du bien à l’autre, c’est aussi à moi que j’en fais! Dans un documentaire, on disait : « Si tu ne vas pas bien, va balayer le perron de ton voisin. Tu vas te sentir mieux après! » J’y crois sincèrement.
Dans ton livre Choisir la joie et la légèreté, tu donnes des trucs concrets à mettre en pratique quand on vit des choses un peu plus difficiles…
En fait, j’ai écrit ce livre pour moi, car j’en avais grandement besoin à l’époque.
Qu’entends-tu par accepter activement ce qui est…
Daniel Blouin dit toujours : « C'est ça qui est ça... » On se met beaucoup trop de pression en voulant que les choses soient différentes de ce qu’elles sont en réalité. Non! C'est comme ça? C’est comme ça! Maintenant, à partir de là, qu'est-ce que je peux faire?
On le sait pourtant… C’est impossible de changer une situation qui nous est arrivée, tout comme c’est impossible de vouloir que ça ne nous soit pas arrivé, ou que ça se soit passé différemment. On gaspille toute notre énergie en veines spéculations. On doit accepter ce qui est et, à partir de ce constat, chercher comment je vais utiliser mon énergie pour faire au mieux avec cette situation.
Tu utilises aussi l’expression : « Tout est possible avec… ». Avec qui ou quoi?
Pour moi, c'est avec Dieu. Mamie Yvette disait tout le temps : « Avec Dieu, tout est possible! »
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article