Aller au menu principal Aller au contenu principal

ALEXANDRE JOLLIEN : Aller au fond du fond de soi…

ALEXANDRE JOLLIEN : Aller au fond du fond de soi…

« C'est très difficile de ne pas se laisser happer par le monde des apparences. Si on prend l’exemple du corps, c’est évidemment valorisant de se sentir aimé par l'autre. Mais on doit comprendre que la véritable consolation ne viendra jamais de l’apparence ou de l’extérieur, mais qu’elle est à découvrir au fond de son être. » Alexandre Jollien


Par Lilou Mace, Vidéoblogueuse et auteure

Je suis présentement à Paris en compagnie d'Alexandre Jollien. C’est un pur bonheur d'être avec lui. On a l'impression que le temps n'existe pas. Quand je lui ai demandé combien de temps il pouvait m’accorder, il m'a dit : « Autant de temps que tu en as besoin, moi j'ai tout mon temps! » Alors prenons notre temps!

Nous sommes nombreux à avoir de la misère avec cette fameuse notion de temps.
Je crois qu'au fond du fond, on a tout le temps, même si le moi, l'égo, est chahuté, bouleversé. Toute la pratique spirituelle, peu importe son origine, consiste justement à descendre au fond du fond, là où il y un temps infini, là où on peut se déconnecter de cette notion de temps. Que veut dire revenir à l’essentiel? L'essentiel est hors du temps finalement. Le temps c’est le présent, c’est infini.

Quand on est sans attente, sans contrainte de temps, au-delà de l'égo, il y a cet espace qui est infiniment connecté à quelque chose de plus Grand que nous, qui nous guide. C'est ça qui nous traverse?
Oui. Mais le fait de vouloir être sans attente, c'est déjà une attente, donc on est mal barré. L'idée, c'est plutôt de faire avec ses attentes, de voir d'où elles viennent et non pas de fonctionner uniquement sous le régime des attentes. Une idée qui m'aide beaucoup, c'est celle qu'on ne peut pas guérir de toutes nos blessures.

Est-ce comme un équilibre entre le corps, l'âme, l'esprit où on accepte ce qui est? On est là, présent à tout ça, et on danse presque avec tout ça.
Oui, effectivement. Nietzsche dit aussi qu’il faut porter du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse. Autrement dit, bien que le chaos fasse peur, il peut aussi être une source d’inspiration pour autant qu'on ne s'accroche pas à la danse. On la laisse aller. Savoir danser avec les autres, avec la vie, avec le tragique de l'existence, c’est un des grands principes de la Joie.

Quelles ont été pour toi les étapes lorsque tu as commencé ce voyage intérieur?
Eh bien, je pense que ça redémarre chaque jour. Dans le zen on dit qu’à chaque respiration on meurt et on renait. Il est aussi dit qu’à chaque fois qu'on franchit une porte, on laisse derrière nous tous les préjugés qu'on a sur la vie et sur soi. Autrement dit, on meurt à soi-même pour renaitre. La spiritualité ce n'est pas d'accumuler une montagne d’expériences, mais plutôt de se départir de tout ce qu'on croit être pour se laisser guider par l'instant présent, par la vie, vers qui on est ici et maintenant.

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

Plus d'articles