Aller au menu principal Aller au contenu principal

ÉDITO : Semper Fidelis, Toujours Fidèle…

ÉDITO : Semper Fidelis, Toujours Fidèle…

Telle est la devise de ceux et celles qui s’engagent à protéger le territoire et défendre les valeurs de leur pays, devise qui devrait d’ailleurs être gravée en lettre d’or sur notre berceau à notre arrivée.

En fait, « Toujours fidèle – non pas à mon pays – mais à qui je suis » devrait être LA devise à se répéter pour ne jamais oublier. Mais bon… Moi je ne l’ai pas fait et donc, j’ai oublié! Ce « léger » oubli aura engendré les plus gros conflits dans ma vie.

Exilée en pays étranger
Plutôt que de « protéger mon territoire » en restant fidèle à qui j’étais et aux valeurs que je portais, j’ai exporté ma fidélité. Pourquoi? Pour être aimée, pour avoir des ami(e)s, pour faire partie de la gang, pour être à la mode; pour plaire à mes parents, à mes professeurs; pour ne pas être rejetée. Mauvaises idées…

J’ai été blessée…
Si, dans la première moitié de ma vie, j’ai su faire preuve de fidélité envers ma famille et ce qu’elle m’a enseigné, si j’ai su être fidèle en amitié, en amour, au boulot, parfois même trop, l’idée de me jurer fidélité ne m’a jamais effleurée, en tout cas pas avant que ma fidélité aux autres ne soit douloureusement bafouée. Ce choc brutal, mais combien salutaire, m’a forcée à faire un arrêt sur image pour faire l’inventaire de mes blessures de guerre, et surtout du pourquoi j’ai été blessée.

Une fidélité à sens unique
En n’étant pas « connectée » à qui j’étais, je voyageais dans ma vie avec un GPS que j’avais moi-même fermé : rien pour me guider ou me prévenir du danger. Je me suis donc vite égarée dans la forêt des malaimés où de nombreuses embuscades m’attendaient.

J’ai été fidèle à des amoureux qui m’ont trompé, à des ami(es) qui m’ont trahi, à des modes qui n’étaient pas pour moi, à des croyances qui m’ont éloigné de ma vérité. Résultat? Bien sûr j’ai été blessée par toutes ces infidélités. Mais la pire, c’est celle que je me suis moi-même infligée en jouant des rôles empruntés juste pour être aimée. Tout ça devait s’arrêter. J’étais épuisée. 

Je rentre au pays
J’ai alors choisi de « rentrer au pays ». Je devais renouer avec ce fameux « qui je suis » que j’avais abandonné. Mais après toutes ces années, je ne savais même plus qui j’étais. Je me suis donc armée de patience, je me suis cherchée et je me suis trouvée. Au fond, je m’attendais. 

Je suis…
Unique! Je suis née de la rencontre d’un des 100 millions de spermatozoïdes de mon père avec un des 500 ovules de ma mère. J’ai été conçue et suis née au jour, à l’heure, au tictac et sous le ciel qui m’était prédestiné. Deux copies comme moi ça n’existe pas!

Je sais…
Si la Vie a investi autant d’énergie pour me donner une vie, ce n’était surement pas pour me laisser la renier? Je suis donc munie d’un GPS programmé pour m’aider à ne jamais oublier ni qui je suis, ni ce que je viens accomplir ici. Une partie de moi, en moi, sait tout de moi et sera toujours là pour moi. Suffit de m’y connecter.

Je viens…
Ce que je viens « accomplir ici » n’a rien à voir avec ce que je viens « faire ici » dans ma vie professionnelle, familiale, sociale ou amoureuse; ni même avec cette fameuse « mission de vie » que plusieurs cherchent à l’extérieur d’eux-mêmes comme autant de chevaliers de la Table ronde en quête du Saint Graal. Il n’existe qu’une seule et unique mission de vie : rester fidèle à qui on est tout au long du trajet. 

Aujourd’hui…
En survolant ma vie, j’ai réalisé que plus je me suis investie à l'extérieur de qui je suis, plus j’ai idéalisé l’autre, ses valeurs et ses besoins au détriment des miens, plus j’ai été blessée. L’équation est simple : plus je m’éloigne de qui je suis, plus je crée d’espace pour les conflits.

Si je m’étais engagée à protéger mon territoire et à défendre mes valeurs, oui, j’aurais surement vécu des conflits, oui j’aurais pu être blessée, mais jamais autant que je ne l’ai été. Mais bon… Aujourd’hui, pour moi, l’oubli est chose du passé : Semper Fidelis… Semper Fi pour les initiés.

 

Lucie Douville, Éditrice et Rédactrice en chef

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

Plus d'articles