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ÉDITO : Antoine… Surtout n’oublie jamais!

ÉDITO : Antoine… Surtout n’oublie jamais!

Mes petits-enfants sont pour moi une source inépuisable d’inspiration. Par leur simple façon d’expérimenter la Vie, une seconde à la fois, comme elle se présente, sans perdre de temps à anticiper la suivante; par leur courage, leur persévérance et leur détermination, ils viennent me rappeler tout ce que j’ai déjà été, mais que j’ai fini par oublier.

Quand je cogite mon édito, j’en ai souvent un qui me vient à l’esprit par la facilité déconcertante avec laquelle il incarne un aspect de la vie qui, pour moi, relève du défi. Donc, qui dit « Honorer Ma Vérité » dit Antoine sans hésiter!

La personne la plus importante de ma vie? C’est moi!
Du haut de ses trois ans et quelques poussières, pour lui, honorer sa vérité, est aussi inné que de respirer. En fait, il ne connaît que ça, il ne fait que ça, il est ça. Ce n’est pas compliqué, pour Antoine la Vie se résume en un mot : Moi!

Tout en étant sensible à la présence et aux besoins de son entourage, tout en étant gentil, généreux, avenant, souriant et souvent hilarant, il est conscient que la personne la plus importante dans sa vie, c’est lui.

Et malheur à qui voudrait lui imposer sa volonté. Il finira peut-être par abdiquer, mais jamais sans avoir livré une offensive musclée pour défendre aussi bien son territoire que son intégrité.

La personne la plus importante de ma vie? C’est toi!
Alors, dites-moi, que peut-il bien arriver dans la vie d’un petit guerrier aussi déterminé pour qu’il en vienne, un jour, à se reléguer lui-même au rang de subordonné, délaissant la confrontation au profit de la soumission? L’autre.

En grandissant, Antoine va réaliser que cet autre, qu’il n’avait cru qu’accessoire à sa vie, est non seulement plus grand, mais aussi plus « puissant » que lui. Devant cette situation, il ne verra plus qu’une seule option : abdiquer. Il va donc entrer dans l’univers du faire pour plaire, s’exilant toujours un peu plus des terres qu’il avait jusque-là foulées, celles de la confiance en lui-même et en sa propre vérité.

Mais l’autre c’est qui?
Dans notre vie, l’autre pourra prendre différents visages selon notre âge : toute personne représentant l’autorité : père, mère, professeur, employeur…; toute personne significative dans notre vie : frères, sœurs, enfants, amis, amies, amoureux, amoureuses, femme, mari…; ou tout ce que la société va tenter de nous imposer comme « vérités » : médias, mode, religions, maitres à penser…

Plus on va donner notre pouvoir à l’autre, plus on va s’éloigner du nôtre. Ce qu’il va penser de nous aura préséance sur tout. Même un pur inconnu rencontré sur la rue pourra nous faire douter juste par le regard qu’il va nous porter. Et c’est sans parler des milliards d’inconnus à qui on va donner le pouvoir de nous discréditer par de simples messages « postés » sur des réseaux souvent trop asociaux.

Dieu Merci!
Dans la pièce Coriolan de Shakespeare créée en 1607, Coriolan dit : « C’est lorsqu’on est vieux qu’on souffre le plus de l’exil. ». Et j’oserais ajouter : « Dieu merci! » Pourrait-on imaginer plus triste fin que celle d’un exilé qui a passé la quasi totalité de sa vie à se restreindre au moule que l’autre lui avait imposé sans jamais avoir été pleinement qui il est, sauf durant trois petites années?

Dieu merci l’exilé aura beau tout oublier, sa terre d’exil, elle, ne l’oubliera jamais et c’est des profondeurs de son être qu’elle va continuer à l’appeler pour, qu’un jour, enfin, il amorce sa véritable quête, celle où ce que l’autre en pense n’aura plus aucune importance, celle où honorer sa vérité sera aussi inné que de respirer.

Merci Antoine!
Fini le faire pour plaire. Je ressens aujourd’hui le besoin impérieux d’accueillir sans jugement et avec gratitude tout ce que j’ai fait dans ma vie, car c’est grâce à ça qu’aujourd’hui je suis qui je suis. Je veux maintenant fouler ces terres d’où je m’étais exilée, celles de la confiance en moi et en ma vérité.

Merci Antoine de nous rappeler ce qu’un jour, à nouveau, tu te souviendras : la personne la plus importante de ta vie, c’est toi!

 

Lucie Douville, alias Mamie

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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